Alors que la mission sur la fin de vie confiée aux députés PS Alain Claeys et UMP Jean Leonetti (déjà auteur de la loi de 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie) doit être remise au Premier ministre d’ici quelques jours, afin de nourrir le débat sur la difficile question de l’aide à la mort dans les cas les plus désespérés,
un collectif d’associations : Alliance Vita, 100% vivants, Soigner dans la dignité… ont lancé ce vendredi simultanément dans 60 villes de France un mouvement anti-euthanasie baptisé Soulager mais pas tuer. Dans le Val de Marne, le lancement s’effectuait à Vincennes dans le cadre d’une mise en scène particulière. L’Alliance Vita (qui lutte aussi contre l’avortement et le mariage entre personnes de même sexe) avait déjà organisé il y a quelques mois plusieurs manifestations théâtralisées contre l’euthanasie, comme celle du Trocadéro en juin dernier lors de laquelle les manifestants étaient déguisés en Pierrot.
Des pistes de la mission : soins palliatifs et sédation profonde
Parmi ses pistes de travail, la mission des députés Alain Claeys et Jean Leonetti explore la possibilité d’autoriser la sédation profonde et continue jusqu’au décès, en parallèle du développement des soins palliatifs, encore insuffisamment accessibles aux patients. Si le mouvement Soulager mais pas tuer s’accorde sur l’intense nécessité de développer les soins palliatifs (qui consistent à soulager les patients non curables sans acharnement thérapeutique), il s’oppose en revanche à la sédation et à l’euthanasie quelque soit le contexte, considérant que tout début de légalisation d’une aide à mourir entraînera des dérives.
Lancement simultané dans 60 villes
Comme lors du happening anti-mariage gay organisé par l’Alliance Vita au même endroit, sur l’esplanade du RER de Vincennes, en octobre 2012 (également en simultané dans d’autres villes), le lancement de Soulager mais pas tuer s’accompagnait d’une mise en scène pour attirer l’attention des passants. La vingtaine de personnes, essentiellement des femmes, venues lancer le mouvement, tenaient des silhouettes blanches symbolisant des malades incapables de se défendre par eux-mêmes, tandis que des prises de parole se succédaient au micro devant un stand décoré de ballons blancs. “Je ne fais pas ce métier pour tuer des gens”, témoigne une soignante. “Euthanasie et soins palliatifs sont incompatibles. Là où l’euthanasie est légalisée, les soins palliatifs deviennent dévalorisés, négligés, voire dangereux”, insiste une oratrice. “Légaliser l’euthanasie pour encadrer les transgressions actuelles n’est pas la solution. La loi n’a jamais protégé des transgressions”, motive pour sa part Delphine Ollive, coordinatrice du mouvement dans le Val de Marne.
Un débat difficile qui ne date pas d’hier
Si la mission des deux parlementaires n’a pas encore été rendue publique, le débat sur l’euthanasie existe de longue date en France, surgissant dans l’actualité lors de la médiatisation de cas emblématiques, de Vincent Humbert au début des années 2000, qui avait demandé au président Jacques Chirac de lui accorder la grâce de pouvoir arrêter de vivre alors qu’il était enfermé dans un Locked in Syndrom (LIS, le patient est conscient, voit et entend tout mais ne peut ni bouger ni parler, en raison d’une paralysie complète exceptée des mouvements de paupières) suite à un accident de moto, à celui de Vincent Lambert, dans le coma depuis un accident de la route et dont une partie de la famille souhaite l’arrêt de son alimentation tandis que ses parents s’y opposent, donnant lieu à un conflit désormais porté au niveau de la Cour européenne des droits de l’homme.
Si des associations se battent contre la légalisation de l’euthanasie, d’autres comme l’Association pour le droit à mourir dans la dignité (Admd) luttent en revanche pour encadrer légalement l’aide à mourir en s’appuyant également sur les droits de l’homme.
Un sujet qui fait fuir
A Vincennes ce vendredi midi, la question ne passionnait pas les foules. Peu de personnes se sont arrêtées ni même ont ralenti, le casque audio vissé sur les oreilles. Alors que le happening contre le mariage gay avait suscité des réactions, d’indignation comme d’intérêt, la question de la fin de vie fait davantage fuir. “Il y a tout de même des personnes qui se sont arrêtées pour discuter et nous avons déjà récolté une vingtaine de signatures pour notre pétition, sans compter les nôtres“, tempère une représentante du mouvement. “J’ai perdu mon mari d’une longue maladie il y a peu, ce sujet est trop sensible pour moi”, commente une dame avant de vite plonger dans l’avenante avenue commerçante.
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