Après avoir présenté son nouveau plan pénitentiaire en Conseil des ministres ce mercredi 12 septembre, la garde des Sceaux, Nicolle Belloubet, n’a pas choisi le pire des établissements pour illustrer ses annonces, qui s’est rendue l’après-midi même dans le centre pour peines aménagées de Villejuif, un centre semi-ouvert, situé en plein centre-ville, qui serait parfait s’il n’était pas surchargé.
Il est 18 heures ce mercredi et des détenus se présentent à l’entrée du centre. Ils déposent leurs effets personnels dans une consigne, s’identifient, se font fouiller et regagnent leur chambre. Ce ne sont plus des cellules puisqu’elles n’ont pas d’œilletons par lequel les surveillants pourraient les épier comme en prison. “Les détenus doivent nous rapporter des tampons et des attestations qui prouvent qu’ils ont pris ce temps pour accomplir des démarches administratives. Il s’agit souvent d’ouvrir un compte en banque, d’aller à la CAF (Caisse d’allocations familiales) ou d’entamer une recherche d’emploi”, explique le surveillant principal.
Créé en 2006, le centre pour peines aménagées (CPA) de Villejuif fait partie de la douzaine de centres de semi-liberté du pays. A deux minutes de la station de métro Léo Lagrange, il comprend à la fois à la fois un quartier de semi-liberté et un quartier de placement extérieur permettant de préparer sa sortie en se réinsérant progressivement. Ces régimes d’emprisonnements plus souples peuvent être proposés par un juge de l’application des peines à un détenu condamné à de courtes peines ou lorsque le condamné a purgé la plupart de sa peine et qu’il apparaît comme sûr. Ils ont pour but de limiter l’effet reconnu comme désocialisant de l’incarcération.
A Villejuif, le quartier de placement à l’extérieur dispose de 42 places mais n’accueille actuellement que 27 détenus. Pendant quatre semaines, le détenu va bénéficier de créneaux horaires au cours desquelles il va pouvoir sortir pour accomplir des démarches d’ouvertures de droit, de recherche d’emploi et de logement. Les détenus sont suivis par un conseiller d’insertion et de probation. Ils peuvent bénéficier d’ateliers animés par des partenaires du CPA comme le pôle emploi, l’assurance maladie ou des associations. “90% des détenus parviennent à retrouver du travail dans des secteurs très variés comme le bâtiment, la restauration, le commerce, les transports. Ils ne peuvent avoir qu’un créneau maximal de 12 heures, ce qui peut compliquer l’exercice de certains métiers, bien qu’un juge puisse autoriser des exceptions comme pour le travail de nuit”, détaille le surveillant principal. Les profils de détenus : multi-récidivistes, personnes souffrant d’addiction, le plus souvent sans aucun diplôme.
Le quartier pour peines aménagées surchargé
Le CPA de Villejuif comprend aussi un quartier pour peines aménagées qui est en revanche surchargé. Il accueille 120 détenus pour 60 places et les condamnés se serrent dans des chambres qu’ils occupent à deux ou à trois. Pourquoi cette surpopulation ? En partie parce que le CPA de Villejuif est le seul établissement à être ouvert en permanence alors que les autres ferment le weekend, expliquent les professionnels. Ce type d’aménagement s’adresse à des détenus dont le reste de la peine est inférieur à un an. En général, un projet de réinsertion a déjà été entamé en détention. Le travail de resocialisation se poursuit alors à l’extérieur. Le détenu bénéficie d’horaires de sorties pendant la journée et doit réintégrer l’établissement pénitentiaire tous les soirs. Au programme : préparation aux entretiens d’embauche, initiation à l’informatique, médiation familiale, ateliers théâtre, bilan de santé ou bilan de compétences.
Objectif : 7000 places de prison en plus et 8000 détenus en moins
Pour la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, cette visite de terrain s’inscrivait en illustration de la présentation du plan pénitentiaire présenté le matin même en Conseil des ministres. Dans les grandes lignes, celui-ci maintient le projet de 15 000 places supplémentaires mais avec 7000 places d’ici la fin du quinquennat. Dans le même temps, la garde des Sceaux a annoncé la création de centres spécifiques en fonction des profils, avec d’un côté des prisons très sécurisées pour éviter les évasions comme celle, spectaculaire, de Redoine Faïd à la prison de Réau (77), et de l’autre des structures d’accompagnement vers la sortie ou des mesures alternatives à la prison. Pour le syndicat de la magistrature, la perspective d’envoyer effectivement en prison toutes les personnes condamnées à plus d’un an, sans possibilité d’aménager la peine, risque toutefois de ne pas contribuer à faire diminuer le nombre de détenus. Le projet de loi sera discuté au Sénat à partir du 9 octobre.
Voir la présentation du projet sur le site du ministère de la Justice
Voir la réaction du syndicat national de la magistrature
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J’habite à coté de ce centre. Il ne pose aucun problème particulier de voisinage. Je pense qu’il n’est pas inutile de parler des choses qui marchent, plutôt que d’entretenir l’ambiance fin du monde permanente qui semble régir les réseaux sociaux. Et si on trouve des alternatives à la prison et des moyens de faciliter la sortie d’incarcération, tant mieux. Ça diminuera la récidive et les incarcérations dans des conditions indignes.
Deux conclusions simples :
* Ce type de centre est efficace
* Dans notre pays surendetté, les moyens manquent pour généraliser une expérience positive …
Les discours sont pleins de bonnes intentions, la réalisation est assez éloignée de ces itentions.
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