Figure marquante de l’immigration portugaise en France, José Baptista de Matos est décédé dimanche soir à l’âge de 84 ans. C’est à cet ouvrier-syndicaliste devenu dirigeant associatif que l’on doit le monument du 25 avril sur la place de l’amitié entre les peuples à Fontenay-sous-Bois, commémorant la révolution des Œillets ainsi que de précieux témoignages conservés au musée national de l’histoire de l’immigration.
Au début des années 60, José Baptista de Matos n’a pas tout à fait 30 ans lorsqu’il décide de fuir le Portugal et de gagner la France. Communiste convaincu, ce père de famille vit sous la menace permanente d’un régime dictatorial qui élimine ses opposants politiques. Ne parlant pas un mot de français, il trouve refuge dans le bidonville de Champigny-sur-Marne et commence à travailler sur les chantiers des lignes et stations du futur RER. En 1965, il emménage à Fontenay-sous-Bois où il est rejoint par sa femme et ses deux enfants.
“Nous avons fait ces stations à la pelle, à la pioche, nous étions des artistes qui avions de l’amour pour notre métier, mais cela a demandé beaucoup d’efforts, de sueur et de sacrifices. On ne peut pas imaginer la souffrance des gens, il y a eu beaucoup de mort dans cette période noire. C’est pour cela que je me suis engagé syndicalement et politiquement. Puis, il y a eu mon aurore boréale, une résurrection de la France avec mai 68”, confiait-il dans un entretien un portrait sonore réalisés par le musée national de l’histoire de l’Immigration.
Avec ses camarades, ils se met en grève, participe aux manifestations du mois de mai 68 et obtient de meilleurs salaires. En 30 ans d’activités, José Baptista de Matos a participé à la création d’une vingtaine de stations de RER et de métro. Ce simple ouvrier devenu au fil des années chef de chantier chevronné s’est aussi investi pour sa communauté en fondant et président l’association des portugais de Fontenay-sous-Bois. En 1982, la ville communiste inaugure le premier monument de France commémorant la révolution des Oeillets qui a renversé la dictature sept ans plus tôt.
José Baptista de Matos a également l’un des premier contributeur de la collection du musée nationale de l’histoire de l’Immigration en faisant don d’effets personnels parmi lesquels se trouve sa “pierre trophée”, un bloc de roche trouvé alors qu’il réalisait la station Charles de Gaulle étoile. “C’est mon arc de triomphe”, confiait-il avec une grande fierté.
Nous avons appris avec tristesse le décès de José Baptista de Matos, un des 1er donateur du @MNHIParis.
"Prenez tout ce que vous voulez, c'est à vous de voir, moi j'aimerais bien que tout cela entre dans l'histoire".
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— PalaisPorteDoree (@PPDoree) July 2, 2018
Pour nos lecteurs lusophones, vous trouverez sur ce lien un précieux témoignage recueilli par Luso Jornal
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